Avis 2020/15
Avis n° 2020/15 du Conseil Supérieur National des Personnes handicapées (CSNPH) relatif à la stratégie de déconfinement de la SNCB dans les gares et aux arrêts après le confinement en raison de la crise du coronavirus, émis en urgence le 25/05/2020 après consultation des membres par e-mail.
Avis rendu à la demande de la SNCB par e-mail du 15/05/2020.
1. OBJET
A présent que le confinement dû à la crise du Covid-19 est assoupli, la SNCB reprend progressivement son service normal, tout en respectant naturellement les règles de sécurité nécessaires, dont la distanciation sociale et l'utilisation obligatoire de masques buccaux. La SNCB a demandé d'urgence l’avis du CSNPH au sujet de ses plans.
2. EXAMEN
La SNCB élabore entre autres un "plan de circulation" afin que les mouvements des passagers dans les gares soient contrôlés, en particulier vers et depuis les quais.
En bref, les flux humains sont canalisés dans un seul sens au moyen de flèches (sur le sol et ailleurs), de panneaux de signalisation, de lignes jaunes tactiles, de barrières, de rubans de clôture, etc. Le sens de marche correct est indiqué par des empreintes de pas tactiles jaunes.
Le CSNPH a pu étudier un projet et a consulté ses membres.
Selon le CSNPH, les personnes malvoyantes et aveugles courent les plus grands risques par rapport au dispositif proposé, et les personnes sourdes et aveugles encore davantage :
- Pour les aveugles et les personnes fortement malvoyantes, l'information visuelle n'est pas accessible.
- Les personnes malvoyantes suivent les lignes podotactiles et les lignes directionnelles naturelles, et ce dans les 2 sens. Le risque de collision avec des personnes venant en sens inverse est élevé et comporte un risque de contamination pour les deux parties. De plus, une telle collision peut provoquer l'agressivité des personnes impliquées.
- Le contraste des flèches et autres marquages à apposer sur le sol et les murs est insuffisant. Il faut tenir compte entre autres du contraste, d’une part, entre la couleur de fond de l'autocollant et le sol (qui peut être clair ou foncé) et, d'autre part, entre la couleur de fond et la figure ou le texte représenté(e). Des versions différentes peuvent être nécessaires selon le contexte. Un relief peut être une valeur ajoutée.
- Lorsque des barrières ou des rubans sont placés dans une gare où la personne connaissait son chemin, elle peut devenir désorientée.
- Les chiens d'assistance des personnes ayant un handicap (visuel) ne peuvent pas interpréter correctement les flèches, les marques jaunes (lignes et pas sur le sol), etc.
- Les chiens d'assistance ne sont pas entraînés à respecter une distance d'un mètre et demi par rapport aux personnes. Au contraire, ils ont appris à se rapprocher des personnes qui les précèdent et à les dépasser lorsque c’est possible. Ceci vaut également pour les chiens d’assistance des personnes ayant d'autres handicaps, comme certains utilisateurs de fauteuils roulants.
- Pour les personnes sourdes et aveugles, la situation est encore plus difficile, car elles n’ont pas d'informations, ni visuelles ni sonores. Une information tactile est alors indispensable.
Le CSNPH craint que l'uniformité des mesures et de la signalisation ne soit pas garantie. Toutefois, celle-ci est importante pour l'orientation des voyageurs, en particulier pour les personnes ayant un handicap visuel.
Les (autres) personnes à mobilité réduite (PMR) sont également exposées à un risque. Elles peuvent être désorientés par les nouvelles circonstances et/ou gêner le flux de personnes. La distance minimale d'un mètre et demi peut alors être compromise.
Le CSNPH considère qu'il est extrêmement important que le trafic ferroviaire revienne rapidement à la normale et devienne plus accessible. Maintenant que le confinement s'atténue progressivement, les personnes recommencent à travailler, à étudier, etc. Pour ces activités, les personnes handicapées dépendent plus que les autres des transports publics.
3. AVIS
Le CSNPH émet un avis de principe et non exhaustif sur les projets de la SNCB.
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Une application uniforme des règles, de la communication, des mesures, ... est essentielle.
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Les gares doivent être accessibles à tous, même en période de (post) coronavirus. Les utilisateurs de fauteuils roulants et de scooters pour personnes à mobilité réduite doivent également avoir accès aux gares. Les "voies à sens unique" ne peuvent dès lors pas être trop étroites.
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Lors de la mise en œuvre des nouveaux plans de circulation dans les gares, la SNCB doit tenir compte des lignes podotactiles et des bandes de dalles à protubérances existantes. Par exemple : une barrière ou un ruban ne peut pas être placé(e) en travers d'un marquage podotactile (bandes striées, bande d'avertissement, dalles de caoutchouc...). Les barrières sont préférables aux rubans, car elles se remarquent mieux avec la canne et présentent moins de risques de trébucher.
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Les informations doivent être accessibles à tous :
- Les informations doivent être accessibles sous forme visuelle (écrans, signalétique, contraste suffisant...), auditive (messages vocaux, balises sonores, signaux acoustiques et autres aménagements sonores...) et tactile (braille, marquages tactiles...). Ceci vaut également pour les informations actuelles (mesures, changements de voies, retards...).
- Les informations doivent être simples, précises et compréhensibles.
- Les informations doivent également être disponibles en ligne de manière accessible afin que les personnes puissent planifier leur voyage : une liste de mesures pour les PMR, les plans des gares, les app... -
Du personnel doit être présent pour offrir une assistance si nécessaire. Le personnel doit être conscient des besoins des personnes handicapées.
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Il est conseillé de prévoir un steward dans les gares les plus fréquentées, qui peut aider et informer les personnes en toute sécurité et aussi signaler les problèmes.
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L'assistance aux personnes handicapées devrait être à nouveau entièrement normalisée dès que possible, en réinstaurant de la règle des 3 heures là où elle était applicable. (Selon le site web de la SNCB, ce sera à nouveau le cas pour le trafic ferroviaire intérieur à partir du 25/05/2020). Par ailleurs, le CSNPH continue à militer pour une assistance sans délai de réservation, comme mentionné entre autres dans l'avis 2017-11.
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A présent que les concessions commerciales dans les gares sont réouvertes, la SNCB doit veiller à ce qu'elles ne nuisent pas à l'accessibilité et à la sécurité.
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Pour l'élaboration d'analyses et la mise en œuvre de solutions techniques, le CSNPH insiste auprès de la SNCB pour qu'elle consulte les structures techniques en matière d’accessibilité (CAWaB, Inter).
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Pour ce dossier, le CSNPH demande également de consulter le secteur des personnes aveugles et de discuter des solutions avec des experts du vécu.
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Le CSNPH représente tous les handicaps et demande à la SNCB de ne perdre aucun handicap de vue: les handicaps sensoriels, physiques, intellectuels, etc. En effet, les personnes handicapées constituent un groupe important et diversifié. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le nombre de personnes handicapées ne représente pas moins de 15 % de la population. Beaucoup d'entre elles dépendent encore plus que d'autres des transports publics en raison de leur handicap. L'accessibilité universelle est donc une nécessité.
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Le CSNPH souhaite obtenir de la SNCB, un suivi et un feed-back au sujet des recommandations et des attentes formulées dans ses avis.
4. TRANSMIS
- Pour suite utile à madame Sophie Dutordoir, CEO de la SNCB ;
- Pour suite utile à monsieur François Bellot, Ministre de la Mobilité, chargé de Belgocontrol et de la Société nationale des chemins de fer belges ;
- Pour information à Mme Nathalie Muylle, Ministre de l'Emploi, de l'Economie et des Consommateurs, chargée de la Lutte contre la pauvreté, de l'Egalité des chances et des Personnes handicapées ;
- Pour information à Unia ;
- Pour information au mécanisme de coordination UNCRPD.